Bogotá, pas pour les frileux

Un avion direction Bogotá, l’une des capitales les plus hautes du monde, perchée à 2600m, et un au revoir à l’Amérique centrale sur le tarmac de l’aéroport. Cette fois-ci c’est la bonne, on arrive sur le continent sud-américain et on compte bien laisser les mauvaises énergies au Costa Rica.

Jour 93

Quand la journée commence avec des pancakes, elle ne peut que bien commencer. Arthur se met en route pour essayer de réparer la vitre qui protège le capteur de l’appareil photo. Magasin fermée pour cause d’absence de lumière. Le concept est intéressant.

Sur le retour, à pied, il essaiera plusieurs fois dans différents types de magasins. Sans succès.

On prend le bus qui va au centre de San José avec Claire. On marche encore à la recherche d’un réparateur photo. Tentative de nettoyage échouée. Tant pis, on verra en Colombie. 

On s’arrête manger dans une chaîne de restaurants, goûter les dernières spécialités culinaires costariciennes qui nous manquaient.  Bon, c’est toujours pas trop ça. Ça manque cruellement de variété. 

Taxi, direction l’aéroport où on échangera nos dernières colonnes. On souhaite un bon retour à Claire puis on embarque. On essaie de trouver quelques souvenirs mais c’est pas la peine, l’alcool détaxé est plus cher qu’avec les taxes en supermarché. Pas de rhum. C’est pas grave, en plus c’est lourd.

Un vol de deux heures, à bord d’un avion qui fait un bruit de machine à laver avec les lumières du couloir qui s’allument et s’éteignent régulièrement pendant le trajet, ne nous rassurera pas trop. Et puis, vue la couche nuageuse qu’on a traversée pour atterrir à Bogotá, à 2700m d’altitude, ça ne nous a pas enchanté mais on est toujours vivants.

On capte un taxi qui voulait deux fois plus d’argent que prévu. Pas de bol pour lui, on connaissait le prix de la course.

« C’est tant. Sinon, on ne monte pas »

Il rigole. On monte dans un taxi délabré. Il roule comme un fou, grillant les feux, attachant sa ceinture en voyant une voiture de policiers, sur l’artère principale qui relie l’aéroport à Chapinero. 

On arrive, accueillis par Fatima, une volontaire française. En Colombie, les auberges vivent uniquement avec des volontaires qui font tourner le business. Ça apporte un côté maison de vacances entre potes, c’est sympa mais c’est pas super cool pour les locaux qui cherchent du travail. Le gros point c’est que ces voyageurs parlent souvent plusieurs langues, ce que les habitants n’ont pas la chance d’apprendre.

Un halo de lumière qui perce la grisaille du centre-ville

Jour 94

Qu’est ce qu’il fait froid dans cette ville. C’est la première impression qu’on a eu suite à cette première nuit à Bogotá. En plus, les bâtiments ne sont pas isolés, ça renforce ce côté glacial et humide de la ville. 

On va petit-déjeuner. On discute avec le Monsieur Je-sais-tout-j’ai-tout-vu de l’hôtel, un touriste français forcément. Ça faisait quasi un mois qu’il était à l’hôtel parce qu’il souffrait de l’altitude, bichette.

Bref. On a une journée chargée. On doit aller à Decathlon dans l’optique de randonner pendant plusieurs jours en montagne. Puis, après quarante-cinq minutes de voyage de part et d’autre de la ville, trois centres commerciaux, deux Decathlon, une crise de nerfs, on a tout! Ou presque. Il manque le réchaud. Ça va pas être une mince affaire cette histoire.

On fait un gros tri dans nos sacs. On jette un tiers des affaires qui avaient moisi au Costa Rica. Grosse lessive.

On clôture la journée avec des arepas vénézuéliennes, sortes de beignets de maïs à la viande.

Bâtiment de presse « El Tiempo »

Jour 95

Free tour de Bogotá, plutôt du centre-ville: La Candelaria. Au départ du musée de l’or précolombien, on traverse une place, le parc Santander, qui sent bon la pisse, et rempli de vendeurs ambulants, de colliers ou de fourmies grillées aphrodisiaques. Puis on rejoint l’église San Francisco, dont l’intérieur tout en or est magnifique. On continue le long de la carrera 7, on passe devant El tiempo, l’un des journaux principaux.

Puis on remonte vers le marché aux émeraudes, l’un des hauts lieux de blanchiment d’argent du pays, entouré de snipers engagés par les cartels. On ira ensuite au petit marché de la Concordia, goûter la chicha, une boisson indigène, épaisse à base de maïs fermenté, qui peut se couper au rhum quand les colombiens font la fête.

Le tour se terminera par une petite place, le Chorro de Quevedo, un passage devant le musée Botero et la place Bolivar, avec le palais national, ses pigeons, ses touristes, ses lamas et sa cathédrale. On quitte le guide puis on va manger dans une cantine colombienne. L’occasion de manger une crème d’épinards, un bouillon, des albondigas, boulettes de viande en sauce et un jus de fruit de la passion.

On s’en va visiter le musée Botero. Il est gratuit, d’après la volonté de l’artiste, pour favoriser l’accès à la culture aux colombiens. Composé d’une énorme partie de ses peintures mais aussi de sa collection personnelle, contenant des originaux de Klimt, de Picasso et tant d’autres artistes. On y trouve aussi quelques sculptures mais pas tant, il a donné les siennes à une autre ville colombienne, sa ville de naissance, Medellín.

Bogotá, seule ville au monde où le graffiti est légal

Jour 96

On se met en quête du fameux réchaud. On prend un taxi jusqu’à Suba, au fin fond de Bogotá, on a trouvé un espèce de magasin de camping, on sait pas trop si il est légal mais on va aller voir. Pendant le trajet, on remarque une caractéristique étrange chez notre conducteur. Non, c’était pas le fait qu’il conduisait une vieille laguna délabrée le souci. Ni qu’il marmonnait dans sa barbe à chaque fois qu’il cherchait où aller. Une caractéristique vraiment particulière, physique et un peu handicapante dans l’exercice de sa profession. Il n’avait qu’une jambe. Voilà. En plus, il roulait vraiment comme un dégénéré. On a au moins retenu quelque chose de cette journée, quand on veut, on peut.

Donc, on arrive dans une partie de la ville que tu n’as pas envie de connaître. Un endroit un peu ghetto, où ils n’avaient sans doute jamais vu de touriste. Et le magasin de camping illégal n’existait sans doute pas. En tout cas, il n’y avait personne dans l’appartement où était affiché une petite pancarte « tienda de camping ».

On revient, un peu dégoûtés, une heure et demi, deux heures de trajet dans Bogotá plus tard. On se baladera émerveillés dans un supermarché, heureux de redécouvrir des produits occidentalisés. 

Arepas, dodo.

Intérieur de la cathédrale de Bogotá

Jour 97

On décide avec une allemande, une française et Fatima d’aller visiter le musée de l’or de Bogotá dans l’après-midi. Mais d’abord, il faut trouver ce réchaud ! 

On va voir un petit magasin de sport de montagne à deux pas de l’hôtel. Miracle ! Ils en ont. C’était si simple au final. Tant de galères pour ça. 

Sur le retour, on mangera un buñuelo de queso, beignet au fromage, littéralement, une sorte de pâte à la mozza coulante à coeur. Une boule d’amour.

Direction le musée de l’or. En fait, la visite durera un moment, le musée est énorme, l’histoire est passionnante. Ils ont des pièces de toute la Colombie, voire du continent américain. En plus, ils rapportent toutes les techniques et façon de travailler les métaux, l’argent, le cuivre, et bien sûr l’or. Tout est mis en scène avec des films et l’histoire de plusieurs communautés indigènes sont rapportées à travers des textes. Il est vraiment gigantesque, cinq étages ! On n’aura malheureusement pas le temps de le visiter en entier. Mais il apporte de véritables connaissances sur la culture du pays et son histoire. À faire à Bogotá !

On sort. Il pleut. Encore. Décidément, elle nous suit. Alors, on s’abrite dans un restaurant, pour manger un ajiaco, une soupe traditionnelle à base de pomme de terre, de manioc, de maïs, de poulet, dans laquelle on vient tremper une cuillère de riz et d’avocat. C’est parfait pour lutter contre le froid de cette ville.

On rentrera trempés. Il faut absolument qu’on sèche parce que ce soir c’est bus et on sait que dans ces transports, ils mettent la clim à fond.

La rue des restaurants et des vendeurs ambulants

Jour 98

Une nuit de bus plus tard. Fraîcheur du matin, une gare routière qui s’éveille. Medellín se dresse devant nous. Les premiers rayons du soleil viennent taper contre les maisons bricolées du Barrio 1, le quartier le plus pauvre de la ville, construit à flanc de montagne, relié au reste de la ville par un téléphérique. En tant que touriste, tu ne te balades pas dans cette favela, au risque de ne jamais en ressortir. Par contre, en téléphérique tu peux le survoler pour rejoindre le parc Arvi qui surplombe la douce cité.

Bon. Il est quatre heures du matin, tu pues, t’es dans une gare routière aussi grande que l’aéroport d’Entzheim, en bien mieux aménagée. Et donc, on cherche un café parce qu’on a plus de batterie et qu’il est beaucoup trop tôt pour rejoindre notre hôtel. On passe le temps en buvant du jus de chaussettes.

Puis on arrive à l’hôtel où l’on apprendra qu’on est vraiment pas dans un quartier touristique. En effet, le parc Campo Valdès, c’est un lieu d’habitation, calme de temps en temps, moins la nuit, sans être dangereux ou quoi. C’est juste que le passage des camions, les klaxons des voitures, ou la musique du kebab local d’en-bas sont incessants. Nénanmoins, les alentours sont moins sûrs: Medellín, à part le quartier très aseptisé mais très festif de Poblado, c’est beaucoup de SDF, camés, imprévisibles.

La ville a eu du mal à se relever de la guerre des cartels même si on n’ose pas imaginer comment ça a pu être. Les gens ont l’air de vivre bien mieux et l’atmosphère a l’air bien plus apaisée. Cependant, on déconseille vraiment de nuit, pour avoir traversé la ville en taxi plusieurs fois. Mais en journée, à part dans le marché sauvage autour de la place Botero, en hypercentre, tout va bien.

Ensuite, on s’écroule, il est dix heures du matin, on est cuits après la nuit de transport et on se réveille pile à temps pour le match. Puis, on larve.

Lamas de Noël