Départ de Jardín. Direction la vallée de Cocora et son petit village de Salento à proximité directe des chemins de randonnée et de treks plus longs. Une bonne journée de voyage, passage compliqué sur des graviers, un précipice sur la gauche, une voiture qui essaie de passer par la droite. Changement de bus à Pereira. On n’est plus très loin. L’arrivée dans le triangle du café, perchée à 1900 mètres d’altitude n’est pas de tout repos. On arrive. La nuit tombe. Le petit hôtel familial n’est pas très loin de la micro-gare routière de la bourgade de 3000 habitants. On découvre une chambre sommaire. Les hôtes nous autorisent l’accès à la cuisine familiale. Il fait froid. Il pleut. Polaire et sac de couchage sont au rendez-vous.
Salento
Petit village producteur de café, mis en lumière par le film d’animation Disney: Encanto, il est très prisé du tourisme local. Il accueille une majorité de Colombiens arrivant de Medellín ou de Bogotá. Et effectivement tous se pressent à travers les ruelles de ce petit village pour profiter de son style architectural remarquable. Deux époques se rencontrent mais le contraste est bien marqué. En effet, les maisons traditionnelles de Salento souvent peintes dans des couleurs vives, créent une atmosphère joyeuse, au milieu desquelles subsistent de nombreux bâtiments datant du 19ème siècle aux façades blanches, balcons en bois travaillé, toits en tuiles rouges et ornements. Elles vous plongent dans l’ère coloniale colombienne à coup sûr.
Salento, c’est aussi l’artisanat. La ville vous transporte à travers les communautés indigènes de tout le pays dans de petites boutiques. Potiers, tisserands, chocolatiers, cafetiers, bijoutiers, on en rencontre une diversité impressionnante. Ce qui en fait un lieu bien plus adapté au tourisme qu’à une vie paisible au milieu de la Colombie, mais qui n’en retire rien à son charme.
En s’attardant, en flânant dans les ruelles un peu excentrés, vous y découvrez cependant des adresses locales. Les cantines de villageois qui délivrent une cuisine colombienne traditionnelle et familiale, des soupes et grillades. Et celles, certes, un peu plus moderne, mais aussi très précise et gourmande comme Cumana Bistro food, et ses savoureuses arepas vénézuliennes.
Enfin, Salento c’est surtout la porte d’accès à la vallée de Cocora et ses palmiers, ainsi qu’au parc national de Los Nevados del Ruiz qui culmine à plus de 5000 mètres mais inaccessible en raison de son activité volcanique importante.
Vallée de Cocora
Trésor naturel de la Colombie, sa renommée tient de ses majestueux palmiers à cire. Par ailleurs, ces Ceroxyloideae, endémiques du Quindío, atteignent jusqu’à 60 mètres de hauteur. Une taille vertigineuse. De surcroît, cette vallée fait partie intégrante du parc national naturel de Los Nevados, abritant une remarquable faune et flore locales, tout en offrant des paysages à couper le souffle.
Depuis Salento, départ aux aurores, le parc national se localise à 30 minutes du village. On monte dans une jeep bondée, entourés de colombiens, dont un garde-forestier coiffé d’un chapeau indigène et à la moustache grisonnante. Il nous indique le point de départ de notre randonnée du jour. Évidemment le club vosgien n’est pas passé par là et le sentier est mal balisé. On remerciera Maps.me par la suite.
La randonnée débute donc dans un mélange de boue et de bouse, dû aux pluies torrentielles des derniers jours. On s’aperçoit qu’on est suivi par deux colombiennes, qui, a priori, n’ont absolument rien à faire là avec leur perche à selfie, leurs jeans et leurs Nike air blanches immaculées. Plus tard, on apprendra qu’elles n’étaient pas venu pour marcher mais pour prendre des photos des palmiers à cire. Pas de chance, il aurait fallu commencer par l’autre côté de la boucle qu’on avait commencée pour y arriver sans randonner. Et ensuite, les choses se corsent. Ça grimpe quand même jusqu’à presque 3000 mètres. On est seuls sur le chemin. On arrive finalement tous les quatre au point culminant, une petite finca perchée avec vue sur les glaciers alentours. L’occasion de boire un café avec le fermier local.
Par la suite, on sera rejoint par une chilienne qui vit au Canada. Puis on se remet en route tous les cinq vers notre but du jour, les palmiers. Tout est embrumé, le spectacle est magnifique même si on ne voit pas à 50 mètres devant nous. Ces fameux arbres aux feuilles pennées sont les plus hauts du monde et se trouvent sur un plateau culminant à 2400 mètres d’altitude. En guise de récompense, devant nous se dresse un spectacle féerique, ponctué par un animal mythique et rare de la cordillère, le vol d’un condor.