Ayo

Jour 16.

Direction Flores. Sur la route pour nous rendre au bus, on tombe sur un shuttle et son propriétaire à qui on avait demandé les prix, la veille. On négocie pour embarquer jusqu’à Cobán au prix d’un transport public. C’est bon. 

Juste avant de partir, on a le droit à un sketch sur la dangerosité de la route qu’on va emprunter, car elle est bloquée pour manifestation. Ok, tentative de manipulation bien visible. Ça va se confirmer.

En effet pendant le trajet, ils insistent pour nous emmener à notre destination finale, nous voyant déterminés à prendre les transports publics.

On arrive sur le lieu de la manifestation. Il faut marcher. Aucun véhicule motorisé n’a l’autorisation de circuler. Soit. 

On se sent terriblement en danger, les manifestants armés jusqu’aux dents nous attendent de pied ferme. 

Non, je rigole. En fait, les grévistes font la sieste, affalés sur le bord de la route. Plus déterminés à empêcher l’accès à Lanquin qu’autre chose. Ils manifestent pour qu’une route en meilleur état soit construite.

Après ça, on nous redemande si on ne veut pas aller jusqu’à Flores à bord de notre véhicule actuel. On négocie à nouveau. On réussit à faire baisser le prix de dix euros. C’est bon, fatigués, on cède.

On avait bien compris que la journée de route allait être laborieuse. On avait déjà pris pas mal de retard.

Une route chaotique et longue, bien moins distrayante qu’en bus local, une conduite bien moins sportive et des pauses fréquentes. On s’endort une bonne partie du trajet. Il fait chaud.

On arrive dans la soirée sur l’île de Flores. Notre hôtel n’est pas transcendant. Ça fera l’affaire pour une nuit.

On recroise nos amis québécois de Lanquín qui partageaient notre dortoir. L’un continuera sa route au Belize tandis que l’autre abrégera son voyage, se rendant sans doute compte qu’elle n’était pas faite pour l’aventure.

Jour 17.

Flores – El Remate. Matinée de courses. Visite rapide du micro-village de Flores, vraiment pas fait pour nous. C’est la première fois du voyage où l’on se sent « exclus », dans un endroit créé pour accueillir des touristes. On part au plus vite en traversant San Benito pour rejoindre Santa Elena, où se trouve la gare routière. Là, on se sent déjà plus dans notre élément. Le bruit de la ville, les scooters, les klaxons des tuk-tuks, les cris sur le marché, les chansons en mode karaoké d’un vendeur de canapés en pleine rue.

Et là, stupeur ! L’arrêt de bus. Une vraie gare, organisée, par compagnies, chaque bus à sa place, des horaires de passage définis. Comment est-ce possible ? Était-on encore réellement au Guatemala ?  

Au final, on se rassure. Notre fourgonnette a dix, puis quinze, puis trente minutes de retard. Ouf, on ne perd pas les bonnes habitudes. Elle est un peu délabrée, perd des bouts, mais bon. Tant que ça roule !

Au bout d’une heure, on rejoint notre guesthouse. Un chouette endroit. Un lieu un peu enchanteur, merveilleux comme son nom le veut. Alice’s Guesthouse.

Hamacs et soleil. Sieste. 

On ouvre les yeux et on se retrouve face à Serge !

Difficile de trop savoir de quelle nationalité est cet énergumène. D’abord, il nous salue par un « bonjour » puis par un « buenas » puis par un « hello ». Ok, il nous entend parler. Il nous comprend. Il est québécois. 

Serge c’est un phénomène. Il a 60 ans et aurait pu vivre trois fois plus, vue la vie qu’il a menée. 

Il a commencé comme foreur dans le nord du Québec quand il était encore gamin. Et il nous explique qu’il n’est pas allé à l’école. C’est la partie très pauvre de la province, celle qui est un peu cachée de la vision idyllique qu’on se fait outre-atlantique. Il voyage. Beaucoup. Il se pose en Afrique de l’Ouest. Puis décide de s’installer à Pataya en Thaïlande pour y vivre un retraite paisible. Enfin, pas trop. Puisqu’au moment où on le rencontre, il est pleine panaméricaine à moto. C’est son premier jour au Guatemala, après avoir traversé le Mexique. Mais il nous donne plein de conseils, d’astuces et de contacts pour éventuellement acheter un véhicule sur la route, échanger avec d’autres personnes qui suivent la même route. C’est une belle rencontre. On partage des nachos et du guacamole. Pas de bière, il a arrêté l’alcool. 

On mange des pâtes au pesto, l’Europe commence à nous manquer !

Jour 18.

Tikal. Comment raconter Tikal ? Tout d’abord, c’est une forêt. Enfin non, tout d’abord c’est un site maya, même si avant de l’être c’était effectivement une forêt. C’est énorme. On se retrouve seuls face à cet ensemble de temples, d’acropole, d’anciennes habitations, sur lequel la nature a repris ses droits.

Puis l’homme est venu récupérer ce qu’il avait construit, après l’avoir oublié pendant de nombreux siècles. Par hasard. Sous des arbres, au creux des racines, enfouis sous la terre, des temples de plusieurs dizaines de mètres, quasiment cent pour certains, se dressaient, là. Attendant seulement qu’on les redécouvre. Véritables marqueurs du passé, de l’une des premières civilisations qui a existé sur la planète. Les Mayas. L’architecture est incroyable de conservation. Ces créations de pierres, datant d’il y a 1400 ans, sont encore solidement ancrées au sol. On grimpe sur le mirador. On s’émerveille, une vue plongeante sur la canopée de la jungle environnante. Seuls les temples III et IV surplombent l’immensité des diverses teintes vertes qui s’étend autour de nous.

En descendant, on croise Serge. Il a abandonné l’idée de prendre un guide. Il a seulement acheté un petit plan. 

Nous, on se dirige vers le temple IV, le plus haut de tous. Pour admirer un angle différent. 

Il est dix heures. Il commence à faire chaud. Ça fait déjà trois heures qu’on crapahute ici. Le site commence à se remplir d’un afflux de touristes, de groupes accompagnés de leurs guides, qu’on cherche à fuir à tout prix. 

On a pu profiter de la fraîcheur de la matinée et de l’absence de visiteurs. On rentre. Le temps de traiter quelques photos. La nuit tombe et l’heure de boire une Gallo arrive.

Jour 19.

Départ pour Rio Dulce. On est dimanche. On galère. Y a peu de transports publics ce jour-là, encore moins dans le bled pommé où on est. Bon. On attend. Ça aurait pu être plus long. 

On achète deux avocats à un vieux qui baragouine des mots sans vraiment être de l’espagnol, enfin on croit.

Puis direction la gare de Santa Elena, on la connaît maintenant. On se fait escorter par un chauffeur de taxi ou je sais pas trop quoi, beaucoup trop heureux de nous montrer où sont les guichets des bus pour Rio Dulce. D’abord, on retire de l’argent.

Trois de heures de bus plus tard. Embarquement de ferry. Enfin de lancha. Elles font le trajet jusqu’à Livingston et s’arrête dans les hôtels qui se situent sur les berges du fleuve, tout au long de la route.

On arrive au notre. Accueillis par un allemand, cheveux longs, blonds, attachés en queue de cheval, torse-nu, style tarzan des temps modernes. Il semble avoir élu domicile ici depuis plusieurs mois, fabrique des colliers de pierres et de perles comme un enfant pour la fête des mères, et parle un dialecte germanico-espagnol sorti tout droit du fond de la rivière. D’ailleurs on croirait presque que c’est le proprio. Mais il nous a fallu plusieurs jours pour comprendre que c’était un imposteur et qu’il était juste tombé amoureux du Rio et avait à coeur de faire visiter aux nouveaux arrivants l’étendu de son royaume au milieu de la jungle.

A part ça, on est prisonnier d’un complexe, obligés de payer pour se déplacer, de payer pour manger au restau de l’hôtel, de payer pour faire des activités. Ça nous plait pas trop de pas pouvoir être libres. On écoutera notre séjour dans ce lieu.

Jour 20.

Baignade, traitement de photos, quelques appels, arrivage sauvage de hollandais qui se promènent en slip. 

Jour 21.

Départ pour Livingston. Bon, première approche du village. On tombe sur le fou local. Il nous escorte d’abord jusqu’à notre guesthouse. Puis, on le recroise. Il a rencontré Chirac en 98. Apparemment. 

Du coup, il est content de voir des français. On a vérifié. Chirac est bien venu au Guatemala en 98, à la suite d’un ouragan. Mais on doute quand même qu’il ait parlé avec ce vieux rasta édenté. Enfin. Pourquoi pas. 

Quoiqu’il en soit, il serait un des piliers des défenseurs Garifunas du village. Il nous fait tout visiter ! Pendant le petit tour, on manque de rentrer chez des gens, on passe devant la salle de cours dans laquelle il éduque et cultive les enfants d’ici.

Philipp Flores, de son nom, nous explique que cette petite ville de Livingston est coupée en deux. D’un côté les Mayas, de l’autre les Garifunas, descendants des esclaves caribéens. Chose qui ne s’avèrera pas flagrante durant notre séjour.

Au début, ceux-ci avaient fondé leur communauté sur les îles de Roatan au Honduras, puis s’étaient déplacés sur Livingston. En vérité, on retrouve des communautés Garifunas tout autour du bassin caribéen et dans les petites Antilles.

Par contre, on a complètement changé de culture. On abandonne les tortillas, on mange des crevettes à l’ail, des beignets de plantain, des crudités. Au diable les haricots rouges et le riz !

Jour 22.

Relax, balades, cuisine. C’est la fête nationale. C’est calme.

Jour 23 et 24.

Nuits peu communes. Au milieu des souris. Et il y en a une qui a pas dormi et qui l’a bien fait comprendre. Alors que l’autre dormait comme une tombe, sans quasiment rien entendre. Bon, on entendait quand même bien la colonie dans les murs et au-dessus de nos têtes. 

Bilan des dégâts: il faut jeter un slip, qui a été complètement rongé ! Un petit traumatisme à prévoir. Mais il faut relativiser, c’est que le début des bébêtes.

On remplit en urgence les documents migratoires pour passer la frontière hondurienne, on était pas au courant qu’il fallait pré-remplir un document.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires