Barichara et le Canyon de Chicamocha

Nous voici de retour sur la route, en direction du village de Barichara et du canyon de Chicamocha. La région est connue pour être paisible (même si ça n’a pas toujours été le cas). Elle permet aux amateurs de marche de profiter des sentiers du Camino Real en toute sécurité. Le choix était vite fait : un village dans les montagnes à proximité du deuxième plus grand canyon du monde? On ne peut pas rater ça!

On vous saute dix jours de voyage entre Bogotá, Zipaquirá et Villa de Leyva. Arthur a attrapé froid et s’est bloqué le dos. Rien de très fun, mais une belle rencontre. Tom, un interne en médecine un peu fou, très drôle et plein d’amour. Entre-temps, Arthur a également reçu son nouvel appareil photo. C’était toute une aventure, qui nous a donné l’occasion de rencontrer le père d’une amie colombienne vivant à Strasbourg. Pour une question de praticité, on a fait livrer notre colis dans sa famille. Juste le temps de fuir un hôtel infesté de mites de bois, perdre face à l’Argentine la Coupe du Monde de football, manger des tartines de brie au miel, des pâtes à la truffe et nous voilà dans un bus, traversant le vignoble colombien et un altiplano à couper le souffle.

Barichara, et Le Camino Real

Barichara

Situé dans les hauteurs de San Gil, Barichara est un village colombien à l’architecture coloniale très marquée, qui vous ouvre les portes du canyon de Chicamocha: rues pavées, maisons blanches, toits en tuiles et bosquets en fleurs. De quoi vous faire tomber amoureux de la Colombie en un instant. Ce village Guane (prononcé « guané »), peuple amérindien malheureusement massacré par les conquistadors espagnols, était réputé pour ses tissages et poteries. Il fait partie d’un ensemble de villages sur l’ancienne route de commerce : « El Camino Real ».

El Camino Real

Aujourd’hui, il est tout à fait possible d’emprunter cette route, balisée, entretenue et sécurisée pour une balade de 6 km ou un trek de plusieurs jours. Les gens peuvent emprunter le Camino Real uniquement dans cette région. Si vous partez de Cabrera, en amont de Barichara, vous pouvez rejoindre la ville de Los Santos, de l’autre côté du Canyon de Chicamocha. À l’époque, cette route constituait un axe de circulation très important en Colombie, reliant les villes de Bogotá à Carthagène. Au début du XXe siècle, les chemins de la région des Guane ont été remis en état, vous offrant maintenant la possibilité d’admirer des paysages somptueux, aux airs provençaux ou toscans sur certaines portions.

La rencontre

Après que notre bus nous ait déposés à la gare de San Gil, nous avons pris un taxi en direction de Barichara. Notre auberge nous convient. Nous avons pris un dortoir et, évidemment, nous avons un colocataire. Nous avons souvent privatisé les dortoirs de nos auberges, car la saison des pluies n’est pas touristique. Notre colocataire s’est Antoine, il vient du Ch’nord de la France et voyage seul depuis un certain temps déjà, et lui, il fait le tour du monde. (À cette époque, nous n’étions pas encore au courant que nous aussi nous allions faire le tour du monde).

Il a prévu de faire les mêmes activités que nous. Au programme, la visite du village de Guane (oui, parce qu’il y a un village qui porte ce nom en contrebas de Barichara), une randonnée sur le Camino Real entre les deux villages et une randonnée sur le Camino Real au départ de Villanueva pour aller voir le canyon de Chicamocha. Il se trouve que nous étions tous de grands timides, alors pour la première activité, nous l’avons faite séparément. Cependant, nous partirons tous ensemble à la découverte du canyon. À ce moment-là, nous ne savions pas encore qu’Antoine deviendrait un partenaire de voyage précieux à nos yeux.

Antoine

De Guane à Barichara

Pour notre part, on a emprunté le Camino Real depuis le village de Guane en direction de Barichara, sans faire les 6 km en entier, Armelle étant malade à ce moment-là. Le village de Guane est un tout petit village, presque mort, vous offrant une vue imprenable sur la vallée. N’hésitez pas à flâner dans le village. Vous pourrez y déguster une chicha de riz (non, ça ne se fume pas, c’est une boisson andine à base céréales, traditionnellement fermentées après avoir été mâchées et recrachées) faite localement, une jolie découverte. Ce village offre également un point de vue imprenable sur une partie de la vallée.

Vue panoramique depuis Guane

Le Canyon de Chicamocha

Nous voici avec notre chti préféré dans un tuktuk. Il est malheureusement encore trop tôt dans la journée pour avoir une discussion profonde (Antoine, est-ce déjà arrivé ? Hammac’onnaissance, non). La route est longue. On a le temps de commencer a apprendre à connaître l’individu qui partageait notre moyen de locomotion. De notre côté le stress de trouver un emploi dans notre prochaine destination occupe toutes nos pensées. Notre radar à gens sympas fonctionne toujours aussi bien.

La route pour le Camino Real est à la sortie de la ville, les gens ne croisent manifestement pas beaucoup de touristes par ici. Les mâchoires sont grandes ouvertes sur notre passage et les regards amusés des locaux trahissent leur incrédulité. On se fait vite un nouveau compagnon de route, Pouilleux! Il est tombé sous le charme d’Antoine dès qu’il l’a reniflé. Il nous accompagnera jusqu’à la fin de notre balade. Si vous n’aviez pas compris, Pouilleux c’est un chien, pas un colombien random. La route est poussiéreuse, le climat est extrêmement chaud et humide. La région est semi-aride, les températures sont insoutenables la journée mais fraîches la nuit. Il n’y a pas d’ombre et même s’il est encore tôt dans la matinée, on souffre déjà de cette chaleur.

Sur le chemin pour le canyon

Le chemin

Cette portion du Camino Real c’est 15,8 km, réputés pour être les plus durs. Bientôt, nous comprendrons pourquoi il est conseillé de faire l’itinéraire au départ de Villanueva et non au départ de Jordan. Pour vous rendre au canyon, vous n’aurez qu’à marcher 7,5 km aller. Sur la route, il y a quelques villages et dans le dernier, il y a une épicerie qu’Armelle renommera « la tienda a dos mil » parce que tout y coûte 2000 pesos. Au total, 4/5 heures de marche seulement et la récompense c’est ce canyon majestueux qui vous laisse contemplatif. On croisera trois français (on est vraiment un peuple étrange et masochiste) qui en ont fait l’ascension, ça avait pas l’air d’être une partie de plaisir.

Vue sur la vallée

Chicamocha c’est un canyon de 2000m de profondeur sur 227 km, creusé par le rio Chicamocha depuis des millions d’années. Vous y admirerez des falaises vertigineuses, créant ainsi un paysage impressionnant de gorges profondes et de précipices vertigineux, ainsi que ses strates géologiques très distinctes composées de calcaires, schistes et grès. C’est un exemple de l’incroyable pouvoir de l’érosion et de l’activité géologique dans la formation des paysages naturels. Un moment hors du temps, on vous recommande vraiment de vous arrêter dans la région pour admirer ce monument naturel rare.