Sur les traces du Kak’ik

Jour 6. En route ! Panajachel. Notre Airbnb nous fait faux-plan. On squatte la cafétéria tenu par un jeune qui ne comprend pas trop ce qu’on lui veut. 

On décide de se rendre devant la maison et de crier (à défaut de sonnette) le nom de notre supposé hôte. Pas de réponse. On apprend par la voisine qu’apparemment il est rentré complètement rond aux alentours de midi et qu’il est sûrement en train de dormir. Super !

On va au centre trouver une solution d’urgence. Il est 16h et la nuit va bientôt tomber. On trouve une dame adorable qui accepte de nous prêter sa micro box wifi le temps de voir si l’énergumène ne se serait pas réveillé entre temps. Pas de réponse sur WhatsApp. Tant pis. On trouve rapidement une posada incroyable. La Casa Linda, tenue par Don Chilo.

Basilio est un octogénaire, bien tassé, sourd d’une oreille, mais qui garde une forme incroyable et surtout une gentillesse incomparable. 

Il nous emmène dans un comedor, très abordable manger une tortilla avec du poulet et du piment vinaigré.

Jour 7 et 8. San Antonio Palobó, Santa Catarina, San Juan. Rencontre avec les communautés mayas Kakchiquel et Tzutuhitl qui ne s’apprécient guère. 

On apprend comment sont faites les céramiques locales, les différentes étapes. D’abord est créé un moule en argile dans lequel est coulée un mélange de terre. Ils attendent que tout sèche puis retire le moule. Ils laissent reposer 2 ou 3 jours puis enduisent d’une couche de céramique, laissent à nouveau sécher puis peignent par dessus divers motifs de teintes bleutées. Ils cuisent ensuite tout cela au four pour fixer la peinture.

On apprendra également comment sont tissés les tissus. Deux cotons différents sont utilisés: un blanc qui provient de la fleur que l’on connait et qui est utilisé internationalement ainsi qu’un second, brun, le ix’cacon, qui provient du cacaotier. Ils aplatissent ensuite les pelotes de coton en frappant dessus afin de l’homogénéiser. Une quenouille est ensuite utilisée afin de filer le coton par tournoiement du fuseau. Après obtention d’une bobine de fil, celui-ci passe à la coloration naturelle: on utilise plusieurs plantes. Par exemple, le romarin donnera une couleur verte. La feuille de chilca apposera une douce couleur jaune. La cochenille, une larve séchée puis broyée, transmettra un fort rouge au fil. Pour finir la feuille de pimentier brunit le coton et l’écorce d’avocatier fournira une couleur ocre. 

L’ensemble de la bobine est ensuite passée dans de la sève de bananier pour fixer la couleur, puis mise à plat pour en laisser l’humidité s’évaporer.

Chaque intensité de couleur a sa signification. Les couleurs vives représentent les sentiments positifs et les couleurs ternes le négatif.

Jour 9. Départ pour Huehuetenango. Ville qui nous servira de transit afin de traverser le pays en large jusqu’à Cobán. Nous rencontrons Carlos, un hôte excentrique et accueillant avec lequel nous échangeons beaucoup et nous prévoyons une soirée à thème: « Repas français »

Il ne faut pas perdre la main !

Au menu: fricassée de volaille à la crème, petits pois, carottes et asperges vertes. En dessert, tarte aux fruits rouges. Les fraises sont vraiment acides et les mûres n’ont pas de goût. Tant pis, ça part en confit!

On arrose ça avec de la Gallo, la bière locale et un chardonnay espagnol qui fera l’affaire.

Jour 10. On se lève aux aurores. Le soleil a décidé de continuer à dormir. On sort dans la rue et remontons l’avenue principale de Huehue jusqu’au terminal de bus, au doux son des pick-ups et des bus chargés à ras-bord qui déboulent de nulle part à pleine balle, pressés de finir leur nuit de livraison.

« Cobán, Cobán, Cobán, Cobán » crie l’homme chargé de remplir le bus, d’installer les bagages et de récupérer la monnaie en cours de route. On monte. On attend. Patiemment. 

Le temps d’écouter un sermon mennonite venu bénir le mini-bus et son chauffeur, entre deux vendeurs de cafés trop dilués qui viennent rompre le silence monotone des minutes qui s’écoulent.

On file pour Cobán. Serrés comme des poulets en cage. Roulante. 

C’est long. Un passage un peu rocailleux à côté d’un précipice dans les montagnes du centre guatémaltèque, des odeurs de sueur, un embouteillage à cause d’un glissement de terrain la veille, de la pluie.

On arrive. On sort du bus. On se fait assaillir. « Flores », « Semuc », « Guate ». Tous veulent nous emmener dans leur bus. Nous, on veut seulement rester à Cobán. 

On prend un collectivo pour le centre. Il pleut. Fin de journée.

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