Tuktuk en folie, d’Udaipur à Delhi

Découvrez pourquoi et comment on a pris la fuite du Rajahstan, d’Udaipur à Delhi.

Jour 7 et 8

On se balade. Comme dit précédemment, on est pas vraiment dans l’authentique. C’est pas grave. Ça fait du bien aussi de pouvoir manger un peu de nourriture occidentale, style pancakes. Bon, toujours pas de café buvable en vue.  Mais la viande a refait son apparition dans notre alimentation. On a cependant toujours cette impression, lorsque l’on sort de notre chambre, de nous faire agresser par l’Inde. Non seulement, olfactivement, mais aussi visuellement et auditivement: les klaxons, les feux de déchets et de fluides humains, mélangés, qui laissent émaner une douce odeur âcre d’urine brûlée nous transperçant les pores de nos pommettes. 

Vue depuis le palais d’Udaipur, surplombant la ville

C’est aussi l’occasion de visiter le temple hindou Jagdish, haut-perché et assez vertigineux, surplombant le carrefour principal de la ville. A l’intérieur, on visitera une galerie de peinture traditionnelle, basée sur de la gomme arabique broyée avec des pigments naturels comme de la cochenille, puis mélangée à de l’eau pour en faire une gouache.

Peintre traditionnel
Gouaches

On profite de notre stop à Udaipur pour visiter le palais. Le Rajahstan est connu pour ça, pour les palais de maharaja qui sont le centre de chaque ville et sont, en fait, l’équivalent de nos châteaux-forts. La conservation impressionnante et l’architecture magnifique, nous transportent finalement au plus profond des contes des 1001 nuits.

L’entrée du palais d’Udaipur
Colonnes
D’autres colonnes
Fresque représentant les guerriers du Royaume de Mewar
L’esthétisme des fenêtres

Les lieux très touristiques comme ceux-ci sont aussi l’occasion de faire un peu de shopping. En pleine route de la soie, proche également du cachemire, dans l’épicentre des confections de tissus, on rencontre alors un tailleur, Sonni, chez lequel on se fera créer une veste sur-mesure.

Armelle et Sonni dans son atelier

Jour 9

On récupère in extremis nos vestes qui ont été confectionnées durant la nuit dans un petit atelier proche de notre guesthouse, avant de sauter dans un bus direction Jodhpur, la ville bleue. Après notre version personnelle de Tuktuk and Furious, on rencontre un français d’une quarantaine d’années qui fera la route avec nous et qui voyage en intermittence. Un coup de travail en France, un coup de voyage. Déjà, ça fait du bien de rencontrer du monde parce que c’est un peu l’essence même du voyage et qu’en Inde, on ne va pas se mentir mais c’est hyper difficile.

C’est donc aussi l’occasion d’échanger et de partager différents endroits dans le monde qui nous ont plus, et de la faisabilité d’autres idées un peu plus farfelues. Il y a souvent un vélo dans l’histoire quand même. Enfin, on arrive à Jodhpur, comme souvent le bus nous dépose dans un endroit random sur la carte du monde. Soit. 

Jodhpur de nuit

Et là… Bob Moran contre tout chacal, ou plutôt l’aventurier contre tout guerrier ! 

Un bataillon. Que dis-je, une armée. De tuktuks. On ne pensait pas pouvoir devenir tuktukophobes un jour. Mais maintenant c’est plus fort que nous, quand on en voit un, on crie. Pour décrire, la scène. Quand on sort d’un bus ou d’un train en Inde, en général on est soit assailli de rabatteurs, soit de chauffeurs de tuktuks qui n’hésitent limite même pas à venir te chercher directement à ta place en criant « ouère you go ? Tuktuk ? Sir ? Yes ?». Pour être clair, le souci c’est pas qu’ils aient besoin de gagner leur vie, c’est l’agressivité qui est mise en œuvre pour presque te forcer à monter dedans et dans l’optique de te faire payer un prix deux parfois même trois fois supérieur à un taxi, et c’est là que se situe le problème car ça en devient du harcèlement. La malhonnêteté en plus.

Donc nous c’est simple maintenant, comme Christian Clavier, on fait tout à pied. Mais cette fois-ci, ils ont été encore plus insistants que d’habitude, jusqu’à nous suivre sur 1 voire 2 kilomètres. Le truc c’est que ça nous a vraiment fait disjoncter. Puis on a trouvé un bus et on s’est apaisé, sous les regards surpris des locaux qui n’avaient visiblement pas l’habitude de se déplacer avec des touristes. Et c’était trente fois moins cher qu’un tuktuk, que du positif. En plus, le repas de la guesthouse était sans doute l’un des meilleurs depuis notre arrivée en Inde. Bon, il faut quand même se battre avec eux pour refuser de prendre leur tour en dromadaire à Jaisalmer. On préfère être maîtres de nos choix. Surtout qu’eux-mêmes adorent pousser leurs clients à la consommation. Signe avant-coureur d’un tourisme toxique ? La suite au prochain épisode.

Jour 10

On marche un peu dans la ville bleue, dans le bazaar, l’ambiance générale est beaucoup plus agréable qu’à Udaipur, moins aseptisée, plus de vie locale qui se mélange au tourisme. 

Le pourquoi du comment de la ville bleue

Jour 11

On visite le fort qui surplombe la ville. Il est très différent du premier. Celui-ci est beaucoup plus massif et imposant, comme une véritable forteresse, plutôt qu’un palais. L’intérieur est moins chic, plus fonctionnel pour faire la guerre. Les rues sont escarpées, les pavés glissants. On rentre, on glande.

Le fort de Jodhpur, moins pur, plus guerrier
Cour intérieure
Un transporteur de Maharaja
Une porte anti-éléphant

Jour 12

Tôt le matin, on s’en va vers la gare routière, en marchant. Il fait encore nuit. Ville morte. On se fait une petite frayeur après s’être fait encerclé par un gang de chiens errants, mis en fuite dans la foulée par un homme visiblement plus habitué que nous, qui nous aborde ensuite: « Tuktuk ? » 

D’abord, on remonte l’artère principale, évidemment toujours à pied. Énormément de gens dorment dans la rue, au milieu des livreurs de journaux et de vendeurs de chaï ambulants. Puis, on arrive à notre arrêt de bus, on s’assoit sur des chaises en plastique, l’occasion de prendre un thé. Devant nous, un américain se fait réparer son sac par un couturier à la sauvette. Un bus bondé et six heures de trajet plus tard, arrivée paisible à Jaisalmer. Pas de harcèlement, pas d’agression verbale, serait-ce notre ville ? 

Jour 13 à 15

Départ pour trois jours (enfin c’est ce qu’on pensait) dans le désert du Thar, à dos de dromadaire. La sensation est terrible. Au bout d’un quart d’heure, les adducteurs sont tendus au maximum. On s’arrête pour un pause déjeuner de quelques heures. Armelle est malade, un peu de fièvre, le nez qui coule, mal de gorge, un gros rhume en quelque sorte. Mais retenez bien cette information, c’est important pour la suite.

Un peu de repos pour les dromadaires
Au milieu des dunes

L’occasion d’apprendre à façonner les chapatis avec notre chamelier, Mansour. Il fait chaud, mais pas étouffant non plus. On arrivera à notre campement avant la nuit, après être passés par un village au milieu du désert. On admire le coucher de soleil, un repas, au lit à la belle étoile. Enfin presque, après une intoxication alimentaire et une nuit à vomir dans le désert, on écourtera notre séjour en rentrant plus tôt que prévu.

Et 40 kilomètres plus loin, le Pakistan
Guanacos et dromadaires, continent différent, mais même famille

On se retrouvera dans une guesthouse dans le fort payée par l’agence de trek, visiblement trop effrayée par la perspective d’un mauvais commentaire, tellement la concurrence est rude. Et donc voici notre premier aperçu de la vieille ville de Jaisalmer. Si Udaipur était le marché de noël de Strasbourg, là on tient la reproduction de Venise à Las Vegas, un peu comme si on avait mis un fort en sable playmobil au milieu du désert, avec des agences de voyage partout, et des vendeurs à la sauvette. L’occasion de se reposer une nuit, mais on retournera dans notre première guesthouse à l’extérieure du fort.

On fera quand même une rencontre sympa. Un autre vieux baroudeur français, à la retraite, qui habite littéralement dans Jaisalmer depuis deux mois. L’occasion d’échanger longuement. Puis une fois sur pied, après une énième mésaventure de sur-tourisme, celle-ci dûe à un hôtel qui a refusé notre réservation car elle n’était pas assez longue à son goût, la décision est prise: il faut quitter le Rajahstan au plus vite. Ni une, ni deux, le bus est réservé direction Delhi.

Depuis la mosquée Jama, la pollution de Delhi

Après quinze heures de trajet en bus couchette, on arrive dans la ville la plus polluée du monde. On appréhendait de se refaire sauter dessus à la sortie du bus, de devoir se battre comme partout précédemment. Il n’en est rien. On est agréablement surpris. Évidemment c’est toujours le bordel, c’est toujours sale, mais les gens s’en foutent de nous, et c’est une véritable bouffée d’oxygène. On rejoint le métro le plus proche, petite galère arrivés à la gare centrale: finalement on a pas réussi à trouver la sortie tant les gens se marchent dessus.

On comprendra comment faire dans les jours suivants, pas d’inquiétude. Cependant, en attendant, le métro est plus propre qu’à Paris. Et pour éviter le chaos qu’on retrouve à l’extérieur, les militaires veillent aux heures de pointe pour tenter dans le but de civiliser la population et leur apprendre à faire la queue patiemment, parfois à coups de bâton. On restera une bonne semaine à Delhi, Arthur ayant chopé le « gros rhume » d’Armelle.

La porte de l’Inde, l’un des principals points d’attraction de Delhi